Autograf: Universitätsbibliothek Kassel - Landesbibliothek und Murhardsche Bibliothek der Stadt Kassel (D-Kl), Sign. 4° Ms. Hass. 287

à Monsieur
Herr Ludwig Spohr
(Verfasser der Violinschule.)
Cassel
Deutschland
den 15ten Dm“.1


Monsieur,
Un etranger Anglois – amateur (pas professeur) du Violon ose s’adresser à vous en bien demandant pardon – Mais, comme je crois, je na suis pas sans excuse à moimême touchant cette intrusion, & je n’ aurais pas, je me flatte, grande difficulté d’en faire la defense autres de vous, vûque mon motif principal est le plaisir que je sens en faisant mon temoignage – tel qu’il soit – à l’excellence surpassante de votre „Violinschule“, dans lequel est donné des principe sûres & bien fondés – detaillés avec precision & clairté - & eclaire – cis par des exemples trés beaux & fort àpropos, qu’on an beau chercher même dans la methode de Violon par Baillot, Rode, & Kreutzer …. le meilleur ouvrage de son secéce que j ’ai vu auparavant - - - Mais au lieu d’entret dans une analyse de votre livre, dont je ne suis pas capable, &, d ’ailleurs, elle seroit ennuyante pour vous, je veux, avec votre permission, vous donner une petite histoire que, peutêtre, vous interessera un peu, & vous fera voir que votre ’Schule‘ repond effectivement à vos intentions.
J’ai une fille agée de2 seize ans qui a naturellement belle disposition pour la musique, & qui possede grande force sur le piano – pour m ’amuser, elle commençoit il y a quatre au cinq ans, à jouer le Violon & en peu de tems3 elle jouait avec moi les duos facile de Schwindl, Wutky, Simonet, Borghi, Pleyel &c, & bientot ceux de Viotti, A. Romberg, Mayseder, & Spohr (mais ces derniers sont trop difficiles pour moi, & surtout quelques uns publiés recemment par Wessel & Cie à Londres, op. 39 ded. à A. Romberg) - - - aussi 24 Caprices par Rode – quelques études de Mayseder (1) – trois Sonates pour un Violon par A. Romberg (études superbes, für die Doppel-griffe) &c &c …. mais avec les coups d’archet, la doigtée &c, tels qu’elle pouvoit, avec l’aide des signés marqués, souvent defectives & fausses, & de l’ouvrage françois susdit, dans lequel les directions touchant le mechanisme du Violon …. l ’exacte division, & les coup, de l’archet, la doigtée &c … sont tout à fait insuffisantes pour servir l’ecolier sans maitre, ou se manquent entierement ……… ainsi va le Violon chez nous, dans un petit village 220 miles de Londres, lorsque tout d’un coup voila Paganini en Angleterre, & apres ses concerts donnés dans la Capitale, voyageant dans les provinces, & s’approchant à notre voisinage, enfin nous avons achevé de l’entendre avec un etonnement, un ravissement, un comblement du plaisir inexprimable ………. Ma fille possede grande memoire, & en entendant deux ou trois fois le celebre ’Nel cor piu“, „le Carnaval de Venis“, „la preghiera (de Rossini) sur la 4me corde“ elle ecrivait toute suite ses recollection avec les sons harmoniques (en se servant de la methode de leur notation d’apres L’abbé fils) & les jouait en imitant autant qu’elle pouvait le pizzicato avec la main gauche, l’arpeggio, les glissades etc, & aussi les passages rapides avec des coups d’archet reverberant, on sautant, que Paganini introduit avec tant de delicatesse, & de beauté, & avec un effêt, selon moi plus beau que celai de staccato, ainsi dire, legitime, ou regulier. (2) ……. Quand j’avois fait, par bonheur, connoissance avec ce Violiniste si renommé – cette comete du monde musical - & je l’entendois (chez un de mes amis) jouer le Violon, & la Guitarre aussi, tout à notre aise – qu ’il faisoit avec une affabilité & bonhommie extrêmes – j’avois la hardiesse delui proposer que ma fille jouât ses imitations (qu’elle faisoit, quoique bien agitée & contrainte) & sa surprise etait grande, il prodiquoit des louanges, & de encouragemens, & il jouait lui même, encore une fois, expres, comme je veux dire touchant le mechanique du Violon.
Bien sûr que le progres de ma fille etoit beaucoup retarde par son ignorance des regles etablies par les Violinistes habiles, l ’été passer nous allâmes à Londres pour en obtenir. En y arrivant, nous trouvames M. de Beriot prêt à partir pour Paris, & bien occupé avec ses concerts, & ses engagemens variés; – neanmoins il cedoit à mes instances, quoique tout etranger, & ce grand virtuose apres ayant entendu jouer ma fille, & louant sa belle disposition pour le Violon, nous presentoit un catalogue effrayant de mauvaises habitude, & apres la premiere leçon la voila festement decouragée! Mais son esprit jeune bientot s’eleve – Elle commence à corriger ses autes, & d ’acquerir les habitudes lui indiquées par en peu de jours, beaucoup de progrès, quoique les amusemens de la Capitale, jamais vûs auparavant, ne lui laissoient pas grand loisir pour le Violon – Avec difficulté & à grand prix, elle obtenût cinq leçon, & alors de Beriot nou quitte, & je cherchois Monsr Ghys, qui nous etoit connu seulement par ses ouvrages. Nous le trouvions plein d ’enthousiasme pour la musique, tres aimable, & bien complaisant: & quoique il etoit sur le point de partir pour l ’Irlande, & tous entrangers comme nous étions pendant les deux ou trois jours qu ’il restoit à Londres, il jouait, en ami, plusieurs fois, le Violon, disant qu’il etoit charme avec son execution sur le piano, & extempore, & dans ses beaux duos „Viens au champs“, & ses autres compositions brillantes pour Vn & piano, & aussi duos un duo par Moscheles & Lafont, pour les mêmes instrumens. Ma fille lui jouait aussi, pour me plaire, une fois sur le Violon – c’etoit la piece qu’elle avoit joue principalement avec de Beriot, pendant ses cinq leçons commençant ainsi:

  (Air varie par C. de Beriot op. 3)

* quand elle l’avoit fini M. Ghys me disoit „vous êtes enchanté de Paganini & Mademoiselle, ne joue point du tout comme lui“, & il louait ses coups d ’archet & sa justesse. (En cette piece elle se servit de son possible de la maniere de De Beriot, bien differente de celle de Paganini. mais Mons. Ghys ne connût pas qu ’elle avoit en des leçons de ce maitre.)
Monsr Ghys partit de Londres, & c’etoit alors que je trouve, par hasard, dans une boutique de musique, le Violinschule, & à present j’ai beaucoup de regret que je ne l’ai pas obenu plutôt. Une traduction en Anglois par Rudolphus, etoit fortement raccommandé par Wessel, contenant, disoit il quelques additions, alterations &c „Cela se peut, mais je veux l’original“ ….. & ma fille, qui peut lire l’Allemange, l’a soigneusement traduit cet ouvrage admirable tout entier pour moi, avec beaucoup de soin & d’interét, & avec quel profit4 son progres fait voir, jouant tous les soirs quelques exercises, en observant diligemment les coups d’archet, les exactes divisions de l’archet la doigter & tous les signes marqués, avec toutes vos observations y ajoutees ...
À present je crois que, plait à Dieu, nous irions à Londres encore l’été prochaine exprès pour faire avoir mes filles ces avantages d’éducation qu’on y trouve, & si vous, Monsieur, auriez l’intention d’y aller (comme un de mes connoissances a oui dire), je serois bien oblige si vous voudriez m’informer du tems5 précis de votre séjour en Angleterre, car je desire d’entendre votre Violon, & d’avoir l’avantage de vos remarques touchant le progres de ma fille, qui est a present votre eleve … Mais il faut fenir – ma ’petite histoire‘ se trouve assez longue, & vous ennuye a trop.
En demandons pardon encore pour cette intrusion, & en offrant mille apologies ˮper questa lunga seccatura“, je suis avec les sentimens de la plus respectueuse estime, & d’obligation, & avec des voeux sinceres pour la conservation de votre santé –
Monsieur,

votre tres humble & tres obeissant serviteur
Thos Barker
Thirkleby, Thirsk, Yorkshire.
England.

P.S. J’ai ecrit ce mauvais françois parce que c’est, peutêtre la plus universelle, et je ne sais pas l’allemagne. Mais si vous, Monsieur, auriez la complaisance de m ’accorder l’information cherchée touchant votre voyage a Londres, vous aurez la bonté d ’ecrire, s ’il vous soit plus agreable, en allmagne l’ecrivant lisiblement –

Nota (1) De Beriot à fortement raccommandé une Etude de Violon fermant 36 Caprices par Fiorillo*. L’aide de votre livre y est bien opportun. Je n’y trouve pas aucunes directions pour l’execution de ce trait de difficulté. mais, je crois, que c ’est absolument necessaire d’elever l’archet au dessus des cordes en sautant de la 4me à la chanterelle. (Fiorillo No XXX.)
(2) de Beriot execute, quelquefoir, le staccato en tirant, avec precision, force, & rapidité, tout pres de la hausse (des frosch) avec le poignet elevé, & bien plié, & avec un coup d’archet si peu que rien – par exemple:
il pousse la premiere   note (h), & dans le second coup d’archet prend toute la reste en tirant.
Dans votre livre, & aussi dans la methode françoise, le staccato, est fait seulement, avec la motié superieure de l’archet (den obern Drittheil des Bogens) …
Les violons de de Beriot & de Ghys sont de Magini, ou Macigni, grands & sonores – Ce nom (& je n’en sais pas l‘ortographie) on ne trouve pas parmi les fabriquants celébres enumerés (pa. 15. Violinschule –
Concert von Rode, pa. 2036 Violinschule, (original ausgabe) takt 86. où trouve
a, je crois, un petit erreur d’imprimens, & que ce trait doit être marqué comme ça:

pa 106. V.S. No 45. 6me Applicatur.7
 au lieu de  comme je crois. (Takt 4)
Le „Geigenhalter“ doit être de grande utilité – mais je ne puis pas l’obtenir. L’invention ne se trouve pas. je crois, en Londres – Je ne l’ai jamais vu, ni entendu parler d’une folle chose.
pa 1808 v.s. (nota) „Die künstlichen Flageolet-Töne nur bey ganz schwachem Bezuge ansprechen“ avec votre permission je veux dire que les sons harmoniques sont le proprietés des cordes de tout calibre – de celles, par exemple, du Vcello aussi bien que de celles du Violon. Ces sons, il me semble, introduits, ça & la, avec du gout & che jugement – surtout ceux de la 4me corde – ont un bel effet.
J’ai bien de regret qu ’il ne m ’est pas permis de payer la poste jusq’à Cassel.

* Paganini me raccomandoit quelques Caprices, ou Etudes par Kreutzer, mais je ne les ai9 pas encore obtenues, je desire beaucoup votre avis & direction touchant la musique que vous jugiez la meilleure pratique.)

J’ai parlé, en passant, des compositions extempore de ma fille, sur le piano. A present elle commence jouer le Violon aussi extempore. Voici une de plusieurs fantasies qu’elle execute sans premeditation – Je prends la liberté de vous la soumettre, bien sûr que vous ne dedaignerez pas10 recevoir ce petit essais avec benignité. Elle vient d’ecrire un tres beau duo pour le Violon & le piano11

Dans les études susdites d’André Romberg, (oe. 32) on trouve (pa 6) , & aussi, presqu’à la fin Cette note marquee 4 indique la 2me corde. Doit on prendre bes & es sul A?



Spohr beantwortete diesen Brief am 14.01.1836.

[1] Rechts oben auf dem Adressfeld befindet sich der Poststempel „D / PAID / [???] / 1835“, rechts über dem Adressfeld der Stempel „24DEC1835“; zwei weitere Stempel sind stark verwischt und daher unleserlich.

[2] „de“ über der Zeile eingefügt.

[3] Sic!

[4] Hier gestrichen: „que“.

[5] Sic!

[6] Louis Spohr, Violinschule, Wien [1833], S. 203.

[7] Ebd., S. 106.

[8] Ebd., S. 180.

[9] „ai“ über der Zeile eingefügt.

[10] Hier gestrichen: „à“.

[11] Des Umfangs wegen ist diese Komposition Laura Barkers hier nicht wiedergegeben.

Kommentar und Verschlagwortung, soweit in den Anmerkungen nicht anders angegeben: Karl Traugott Goldbach (12.12.2023).